L’art-therapie : une bulle d’evasion en periode de confinement !

Pendant toute la période de confinement, l’équipe éducative d’Hors la rue a veillé à adapter ses modalités d’intervention afin de maintenir le lien avec les jeunes accompagnés par l’association. Emilie Boutillier art-thérapeute à Hors la rue, nous explique dans cet entretien dans quelles conditions elle poursuit l’accompagnement des jeunes depuis le début de la crise sanitaire liée au Covid-19.

1/ Depuis le début du confinement, Hors la rue a dû adapter son intervention de rue, quelle solution avez-vous pu mettre en place afin de poursuivre l’activité d’art-thérapie ?

Emilie Boutillier : Rapidement, grâce à la visio-conférence, nous avons mis en place des séances d'art-thérapie avec des jeunes suivis pour maintenir le lien, rompre l'isolement et leur offrir un moment ludique et apaisant pour les aider à mieux supporter les difficultés liées au confinement.

Nous contactons le jeune sur son téléphone portable via WhatsApp, une fois par semaine, à jour et heure fixe, pour maintenir le jeune dans un rythme. Les séances durent entre 1h et 1h30 et se déroulent toujours avec un/e autre éducateur/trice, pour créer une dynamique de groupe et un moment convivial.

Du matériel de dessin a été fourni aux jeunes par notre équipe, soit avant le confinement soit lors de visites à domicile par les membres de l'équipe en tournée.

Différentes méthodes sont proposées :

- Sur le principe du pictionary,  nous dessinons ce qui nous entoure ou nous imaginons des objets, animaux, personnages à faire deviner. Ceci permet au jeune de parler et de progresser en français également.

- Dessins en musique pour laisser libre cours à son imagination.

- Au fil des séances, nous construisons une histoire sous forme de BD avec les éléments de chacun rassemblés sous forme de photomontage. Nous écrivons ensemble les dialogues pour inscrire le jeune dans une continuité et développer sa capacité à élaborer.

 2/ Quels sont les profils des jeunes accompagnés dans le cadre de ces ateliers en visio-conférence ?

 Emilie Boutillier :  Les jeunes accompagnés sont d'origines malienne, sénégalaise et marocaine et la plupart ne parlent pas très bien français. Certains sont logés chez des hébergeurs solidaires et sont dans l'attente d'une reconnaissance de leur minorité pour pouvoir être pris en charge par l'ASE. D'autres sont pris en charge depuis peu mais leur scolarisation n'a pu être mise en place à cause du confinement, ils bénéficient donc d'une mise à l'abri mais se trouvent isolés en hôtel.

L'art-thérapie permet à ces jeunes de partager un temps d'échanges, de s'évader par l'imaginaire et d'apaiser, le temps d'une séance, leurs inquiétudes liées au confinement et l'anxiété générée par les démarches dans lesquels ils sont engagés.

Des séances collectives sont organisées avec deux jeunes qui se sont rencontrés sur notre centre de jour afin de maintenir le lien entre eux.

 


3/ En ces jours particuliers où le lien social est malheureusement très réduit pour un public déjà ordinairement isolé, comment les jeunes perçoivent cette nouvelle modalité de fonctionnement ?

Emilie Boutillier :  Les jeunes semblent apprécier ce fonctionnement et demandent toujours à refaire une séance de semaine en semaine. Ils cherchent à prolonger le moment, s'appliquent dans leurs productions. Nous avons pris pour habitude de nous envoyer les photos de nos dessins pour garder une trace de ce moment et certains nous envoient d'autres dessins ou peintures qu'ils réalisent en autonomie entre les deux séances. Un lien social est ainsi créé et maintenu par le biais de l'art.

 

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